Toute l'âpreté du monde agricole

Ils sont sept frères et sœurs, petit peuple uni autour de la ferme familiale qui pourtant se déchirera au décès du père et lors du partage des biens. Gisèle Bienne, dans ce récit d’une force remarquable, raconte le monde agricole, les vaches à l’étable, les chevaux à l’écurie et les poules au perchoir. Elle dit l’âpreté du métier d’agriculteur et la sournoiserie de la maladie qui les guette pour n’avoir pu déceler derrière le mot « phytosanitaire » les dangers des produits que des multinationales les ont convaincus d’utiliser. L’homme-frère interpelle : qui parmi cette fratrie aura le privilège du choix de quitter ce monde-là ? Et puis, il y a Sandra, cette jeune femme dont la narratrice s’occupe, touchante dans sa précarité et sa poésie. L’homme-frère est un très grand roman qui nous dit que depuis La terre d’Emile Zola, rien n’a vraiment changé.

Par Pierre Cerfontaine